22 septembre 2011

Article le Parisien

--> Cliquez sur l'image pour l'agrandir


Lettre ouverte de la Ligue des Droits de l'Homme au maire de Deuil la Barre.

Monsieur le Maire,

Le 21 octobre 2010, nous nous étions rencontrés pour évoquer le devenir du campement de personnes d'origine Rroms qui venaient de s'installer dans une friche de vergers sur le territoire de la commune dont vous êtes le premier magistrat.

Lors de cet entretien, vous aviez prêtez une oreille favorable à l'installation de ces personnes en apportant le concours de vos services administratifs : domiciliation au CCAS, scolarisation des enfants, mise à disposition de bennes à ordures.

Les Deuillois qui apportaient leur aide à ces personnes s'étaient engagés à mettre tout en œuvre pour permettre aux occupants du terrain de vivre dans un minimum de dignité et de sécurité et des aménagements permettant une vie moins précaire ont été réalisés – toilettes sèches, groupe électrogène, assainissement du terrain et de ses abords, extincteurs, etc.

Aucun incident n'est advenu durant les mois écoulés et les engagements pris lors de ce rendez-vous ont été respectés, aussi bien par les Rroms que par les Aidants. D'ailleurs, habitués à cette tolérance, nous citions la commune de Deuil comme un exemple réussi d'accueil de la population Rroms, pensant même pouvoir mettre un projet pérenne en place.

Quelle déception !

Justifiant votre décision par des arguments fallacieux, sans l'accord des propriétaires et sans en informer les personnes concernées, vous avez décidé de rompre cette convenance en demandant l'expulsion des personnes du terrain en pleine rentrée des classes et alors que nous nous engageons dans la période hivernale.

Cette attitude est indigne, car comme tous vos pairs, la seule réponse que vous apportez au problème de l'accueil de la population Rroms est « l'expulsion », sachant très bien que cela ne résoudra rien, seulement à justifier de votre activisme auprès de vos administrés les plus chauvins ou de votre administration de tutelle.

La Fédération Départementale de la Ligue des Droits de l'Homme condamne avec la plus grande fermeté cette décision inhumaine qu'elle ressent comme une duplicité, quelque soient les raisons ou les pressions qui vous ont poussé à la prendre.

Aussi, nous vous demandons avec beaucoup d'insistance de bien vouloir reconsidérer votre décision et de permettre à ces enfants, à ces femmes, à ces hommes de pouvoir continuer à vivre à Deuil dans la dignité et dans le respect des droits fondamentaux.

Veuillez agréer, Monsieur le Maire, nos sincères salutations.

20 septembre 2011

La lettre du collectif Roms Val d'Oise

Voici la lettre de Jean Pierre Dacheux (cf. Résistance et Romanitude), du collectif Roms Val d'oise qui a déjà sévi à Deuil la barre (cf.Le café-débat).

Cette lettre accompage celles du collectif (cf.
Monsieur le Maire) et de la Ligue des Droits de l'Homme à l'intention de M. le Maire contre sa demande incompréhensible d'expulsion

Abandonner ses semblables, c'est renoncer à la civilisation !

« Monsieur le Maire de Deuil a bien agi » : ainsi se résume la décision du Tribunal administratif de Cergy-Pontoise qui considère que les seize familles Roms qui s'étaient indûment installées sur une propriété privée de la commune n'ont plus qu'à quitter les lieux. Fermez le ban. (cf. Recours non accepté et sans aucune motivation)

La question à laquelle ne répond aucun maire, qu'il dirige une municipalité de droite ou de gauche, est désormais la suivante : « n'est-il, pour ces êtres humains, quels que soient les efforts et la patience des citoyens qui tentent de les accompagner quotidiennement, aucune solution satisfaisante pour qu'ils vivent quelque part ? Que faire, alors, d'eux ? » (cf. Roms à Deuil = interpellations politiques)

« Qu'ils retournent d'où ils viennent », entend-on dire ! Mais, pardon : d'où viennent-ils ? D'un pays de l'Union européenne. Les Roms, l'un des peuples constituants de l'Europe, depuis sept siècles, est chez lui en Europe, donc en France. Comme, bien sûr, nos compatriotes, les 500 000 Français tsiganes, pour la plupart sédentaires, mais aussi comme les 20 000 étrangers roms, souvent roumains, qui ont fui une misère pire que celle qu'ils connaissent ici (cf."Rom" ou "Rrom"? That is the question)

La scolarisation (obtenue), les soins pour les mères, les enfants et les malades (effectués), la recherche d'assainissement des conditions de vie (avaient été engagé l'accès à des latrines, à des poubelles, à à des extincteurs), toutes ces actions sont, d'un coup, anéanties ! Surgit alors cette angoisse : si ce qui s'est fait à Deuil, avec prudence et compétence, n'a servi à rien, qui donc, ailleurs, pourra agir auprès de ces condamnés permanents devant constamment fuir, ou braver la loi !

C'est notre propre dignité citoyenne qui est, à présent, en cause. Que nous devions, impuissants, être réduits à constater que des familles, avec lesquelles s'étaient créé des liens, n'aient nulle part où aller bien qu'elles puissent librement circuler, à condition de ne jamais s'arrêter, à quelque chose d'insensé, de kafkaïen, et de très dangereux, car cela conduit à la pire des exclusions. Dans une période de grande difficulté pour les personnes modestes, la cruauté se banalise.

Nous ne saurions nous résigner à observer cette mise à mort lente, le bannissement, d'une petite partie de nos semblables. L'hospitalité est un dû aussi impératif que le droit de propriété.

Jean Pierre Dacheux

PS : La présence de Roms à Deuil est une chance pour ses habitants

19 septembre 2011

Monsieur le Maire

48h. : c'est le délai que vous avez laissé à 15 familles européennes (pas une de plus depuis leur installation) en voie d'intégration à Deuil-la-Barre pour quitter un terrain en friche dont les propriétaires ne demandent pas l'expulsion.

Depuis un an maintenant, le collectif Roms Deuil-la-Barre, la Conférence Saint Vincent de Paul, l'Asav, la LDH, Médecins du monde la PMI, les directrices du groupe Hatrel, le CCAS travaillent d'arrache-pied pour faire rentrer 60 citoyens européens dans le droit commun.


Ce travail d'intérêt public s'effectue dans le respect absolu des règles de démocratie et de sécurité publique, en relation avec votre cabinet et dans la plus grande transparence comme en témoigne la tenue d'un blog ouvert à tous
http://collectif-roms-dlb.blogspot.com :

1. Scolarisation de 15 enfants et bientôt deux collégiens
2. Domiciliation des familles
3. Installation d'extincteurs (avec formation des usagers et recharge)
4. Installation de toilettes sèches en conformité avec l'Agenda 21
5. Obtention de l'AME pour les familles
6. Présence hebdomadaire d'un médecin sur le terrain
7. Prêt d'un groupe électrogène neuf par Saint Vincent de Paul Conférence de Deuil
8. Aucune construction de cabanes supplémentaires
9. Mise à disposition de bacs à déchets par les services de la mairie le 11 août 2010
10. Ramassage des déchets par le Syndicat Émeraude après intervention du collectif.
Les deux bacs ont été incendiés les 21 et 28 mai. Depuis ni vos services ni le Syndicat émeraude n'ont daigné remettre des bacs à disposition de ces citoyens européens. Auriez-vous refusé ce remplacement à des citoyens de Deuil la Barre?

Enfin, en partenariat avec le Secours Catholique (financements européens etc...),
nous avions mis au point un projet d'insertion innovant pour ce groupe.

Monsieur le Maire, nous ne comprenons pas la contradiction de votre politique
et votre arrêté injustifié dans les faits (câbles raccordés à un groupe électrogène et feu de poubelles). 60 personnes dont un bon tiers d'enfants (trois nouveaux nés)
et deux personnes gravement malades se retrouvent à la rue.
Elles seront donc dans un état très précaire et dangereux, dans l'errance et irons très probablement s'installer ailleurs.
Le problème sera déplacé sans plus aucun accompagnement ni contrôle.
Tout le travail d'intégration auquel vous avez contribué est anéanti en un jour.

Quel gâchis humain et politique.
Deuil-la-Barre ne peut pas prendre tout la misère du monde mais
pourquoi ne pas prendre sa part avec ces 15 familles ?

Monsieur le Maire, 15 enfants qui ont fait leur leur entrée à l'école cette semaine sont terrorisés par la nouvelle.
Où peuvent-ils aller?

Vous endossez la responsabilité de rompre avec le processus de scolarisation qui assurait un meilleur avenir à ces enfants,

Afin de ne pas "déscolariser" ces enfants, voudrez-vous proposer un logement à ces familles comme l'avocat de la ville l'a suggéré, lors de sa plaidoirie, au Tribunal administratif, le jeudi 15 septembre.

Face à ce drame, nous vous demandons de prendre vos responsabilités.

Respectueuses salutations

PS : mail transmis aux journalistes